6

C’était la première fois que Thomas vivait comme un seigneur. Pas un grand seigneur, pas comme un comte ou un duc avec une quantité de gens à son service, mais, malgré tout, avec des privilèges, confortablement installé dans un manoir – même si ce manoir n’était qu’une bâtisse de bois au toit de chaume, avec un sol de terre battue. Ses jours s’écoulaient, tranquilles, tandis qu’autour de lui on travaillait dur à couper le bois de chauffage, à puiser l’eau, à traire les vaches, à battre le beurre, à pétrir la pâte et à laver les vêtements.

Robbie, lui, y était plus accoutumé, mais il reconnaissait que la vie était infiniment plus facile dans le Dorset.

— Chez moi, dit-il, il y a toujours quelque maudit envahisseur anglais pour franchir la colline et vous voler votre bétail ou votre grain.

— Tandis que vous, objecta Thomas, jamais il ne vous viendrait à l’idée de chevaucher vers le sud pour aller voler les Anglais.

— Comment pourrais-je seulement penser à pareille chose ? répliqua Robbie, hilare.

L’hiver approchant, ils occupèrent leurs journées à chasser sur les terres de sir Giles Marriott afin de préparer la saison de l’agnelage et de garnir la table de leur hôte.

Ils prirent leurs habitudes dans les tavernes de Dorchester et allèrent régulièrement se distraire à la foire d’hiver où les mimes les amusaient de leurs facéties. Thomas retrouva d’anciens amis qu’il régala du récit de ses aventures en Bretagne, en Normandie et en Picardie, dont certaines étaient véridiques. Il remporta la flèche d’or du meilleur archer aux jeux de la foire. Sir Giles, à qui il l’offrit, la suspendit au mur de sa salle en déclarant que jamais il n’avait vu plus beau trophée. « Mon fils était une bonne flèche. Très bonne flèche. Je pense qu’il aurait pu gagner ce trophée lui aussi. »

Le fils de sir Giles était mort de la fièvre, et sa fille unique était mariée à un chevalier qui avait ses terres dans le Devon. Sir Giles n’aimait ni son gendre, ni sa fille.

— Ils hériteront de la propriété après ma mort, déclara-t-il à Thomas. Autant vous en faire profiter maintenant à vous deux.

Les heures qu’il passait le nez baissé sur le livre de son père donnaient bonne conscience au jeune archer, qui se persuadait ainsi qu’il ne négligeait pas sa quête du Graal. Les pages était en vélin épais, cher et rare, preuve s’il en était de l’importance que ces notes revêtaient pour le père Ralph. Mais leur sens n’en était pas plus clair pour autant. La plupart des écrits étaient des contes. L’un d’eux relatait l’histoire d’un aveugle qui, en caressant la coupe, avait reçu le don de la vue mais qui, déçu par l’aspect du Graal, la perdit de nouveau. Un autre récit parlait d’un guerrier maure qui, ayant essayé de dérober le Graal, avait été châtié de son impiété en étant transformé en serpent. L’histoire la plus longue était celle de Perceval, un chevalier du passé qui était parti pour la croisade et avait découvert le Graal dans le tombeau du Christ. Cette fois, le mot latin utilisé pour décrire le Graal était celui de crater, qui signifie jatte ou plat creux, tandis que dans d’autres pages il parlait de calix, calice ou coupe. Thomas se demanda si cette distinction avait une signification. Si son père avait possédé le Graal, n’aurait-il pas su si c’était une coupe ou une jatte ? À moins qu’il n’y eût pas de différence. Toujours était-il que l’histoire racontait que cette coupe était posée sur une étagère du tombeau du Christ, à la vue de tous ceux qui pénétraient dans le sépulcre, tant les pèlerins chrétiens que leur ennemis païens, et cependant, nul ne vit le Graal avant que Perceval entre dans la grotte à genoux, car Perceval était un homme juste et par conséquent digne de voir ses yeux s’ouvrir. Messire Perceval prit la coupe et la rapporta au sein de la chrétienté, où il prévoyait de construire une châsse digne de recevoir le trésor, mais, comme il était dit de façon laconique, « il trépassa ». Le père Ralph avait écrit sous cette abrupte conclusion : « Messire Perceval était comte d’Astarac et il était connu sous un autre nom. Il épousa une Vexille. »

— Messire Perceval ! s’exclama sir Giles, impressionné. C’était un membre de ta famille ? Ah çà ! Jamais ton père ne l’a mentionné. En tout cas, je ne crois pas. Car la plupart du temps, je dormais pendant qu’il me contait ses histoires.

— D’ordinaire, il se gaussait de cette sorte de contes.

— Nous nous gaussons souvent de ce qui nous fait peur, observa sir Giles, sentencieux.

Soudain, il sourit :

— Jake me dit que vous avez attrapé ce vieux renard près des Cinq Mary.

Les Cinq Mary étaient les tertres d’anciennes tombes dont les bonnes gens disaient qu’elles avaient été creusées par des géants. Mais Thomas n’avait jamais compris pourquoi il y en avait six.

— Ce n’était pas là-bas, rectifia-t-il, mais derrière le White Nothe.

— Derrière le White Nothe ? Là haut, sur les falaises ?

Sir Giles dévisagea son interlocuteur, puis éclata de rire.

— Vous êtes allés sur les terres de Holgate ! Ah, canailles !

Le vieil homme, qui s’était toujours plaint abondamment lorsque Thomas venait braconner sur ses terres, trouva cette incursion chez son voisin amusante à l’extrême.

— Ah, Holgate, ce vieux gredin ! Eh bien, dis-moi, ce livre, arrives-tu à en tirer quelque chose ?

— J’aimerais bien, répondit Thomas, en regardant fixement le nom d’Astarac.

Tout ce qu’il savait de ce nom, c’était qu’Astarac était un fief ou un comté du sud de la France et que c’était le berceau de cette famille Vexille qui avait ensuite été déclarée rebelle et hérétique. Il avait également appris qu’Astarac se trouvait près du pays cathare, assez près pour permettre à la contagion d’atteindre les Vexille et que, une centaine d’années auparavant, le roi de France et la vraie Église avaient brûlé les hérétiques et forcé les Vexille à la faite. Et maintenant, voilà que le légendaire messire Perceval semblait être un Vexille ? Plus Thomas pénétrait le mystère, plus les choses paraissaient embrouillées.

— Mon père vous a-t-il jamais parlé d’Astarac, Messire ? demanda-t-il à sir Giles.

— Astarac ? Qu’est-ce que c’est ?

— C’est de là que venait sa famille.

— Non, non, il a grandi dans le Cheshire. C’est ce qu’il m’a toujours dit.

Mais le Cheshire était surtout un refuge, un endroit où se cacher de l’Inquisition. Était-ce là que le Graal était dissimulé, à présent ?

Le jeune archer tourna une page pour retrouver un long passage décrivant une scène dans laquelle une colonne d’envahisseurs qui avait tenté d’attaquer le donjon d’Astarac avait été repoussée à la vue du Graal. « Ils furent éblouis, écrivait le père Ralph, aussi trois cent soixante-quatre d’entre eux furent-ils exterminés. »

Une autre page affirmait qu’il était impossible à quiconque de proférer un mensonge en ayant la main posée sur le Graal, « sous peine d’être frappé de mort ». Une femme stérile, en caressant le Graal, se voyait accorder le bonheur de l’enfantement, et un homme qui buvait dedans le jour du vendredi saint se voyait octroyer la grâce d’apercevoir brièvement « celle qu’il prendrait pour femme au paradis ». Un conte relatait l’histoire d’un chevalier qui, portant le Graal pendant la traversée d’un désert, fut poursuivi par des païens ; mais, alors que tout semblait perdu pour lui, Dieu envoya un immense aigle qui l’attrapa en même temps que son cheval et le précieux Graal et l’emporta dans le ciel, laissant les guerriers païens hurler de rage impuissante.

Une phrase avait été copiée et recopiée dans les pages du livre : Transfer calicem istem a me. Thomas sentait la détresse et la colère de son père à travers les mots de cette phrase qui revenait sans cesse : « Éloigne de moi cette coupe. » Tels étaient les mots que le Christ avait prononcés dans le jardin de Gethsémani quand il avait demandé à son Père de lui épargner son supplice. La phrase était parfois écrite en grec, une langue que Thomas avait apprise mais jamais totalement maîtrisée. S’il parvint néanmoins à déchiffrer la majeure partie du texte en grec, l’hébreu resta un mystère pour lui.

Sir John, l’ancien vicaire de Saint-Pierre, s’accorda pour dire que c’était un étrange hébreu.

— J’ai oublié l’hébreu que j’ai appris, mais je ne me souviens point d’avoir jamais vu une lettre telle que celle-ci, dit-il à Thomas en désignant le symbole qui ressemblait à un œil humain. Très curieux, Thomas, très curieux. C’est de l’hébreu sans en être tout à fait.

Il se tut un instant, puis ajouta d’une voix plaintive :

— Si seulement ce pauvre Nathan était toujours parmi nous.

— Nathan ?

— C’était avant ton époque, Thomas. Nathan ramassait les sangsues et les envoyait à Londres. Les médecins de là-bas appréciaient les sangsues du Dorset, le savais-tu ? Mais, naturellement, Nathan étant juif, il est parti avec les autres.

Les juifs avaient été chassés d’Angleterre presque cinquante ans auparavant, un événement toujours vivant dans la mémoire du prêtre.

— Nul n’a jamais découvert où il trouvait ses sangsues, poursuivit ce dernier, et parfois je me demande s’il ne leur a pas jeté un sort. (Il fronça les sourcils.) Ceci appartenait à ton père ?

— Oui.

— Pauvre père Ralph, soupira le prêtre, laissant entendre par là que le livre devait être le produit de sa folie.

Il referma le volume en repliant avec soin la couverture de cuir souple sur les pages.

Taillebourg semblait s’être évanoui dans la nature, et Thomas n’avait reçu aucune nouvelle de ses amis de Normandie.

Il écrivit une difficile missive à messire Guillaume dans laquelle il lui annonçait la mort de sa fille et lui demandait des nouvelles de Will Skeat qu’il avait emmené à Caen pour y être soigné par Mordecaï, le médecin juif. La lettre partit à Southampton, et de là à Guernesey, et Thomas était sûr qu’elle serait transmise en Normandie, mais à Noël, aucune réponse ne lui était parvenue. Sans doute la lettre avait-elle été perdue. Il écrivit aussi à lord Outhwaite en assurant à Sa Seigneurie qu’il accomplissait ses recherches avec assiduité et en lui répercutant quelques-unes des histoires contenues dans le livre de son père.

Lord Outhwaite lui envoya une réponse dans laquelle il félicitait son jeune ami de sa découverte, puis lui apprenait que sir Geoffrey Carr avait quitté le pays pour la Bretagne avec une demi-douzaine d’hommes. La rumeur, rapportait lord Outhwaite, disait que les dettes de l’Épouvantail étaient plus importantes que jamais, « ce qui, peut-être, explique pourquoi il est parti pour la Bretagne ». Ce n’était sans doute pas la seule perspective du pillage qui avait expédié l’Épouvantail à La Roche-Derrien, mais la loi qui disait qu’un débiteur n’était pas tenu à remboursement pendant qu’il servait le roi à l’étranger. « Allez-vous suivre l’Épouvantail ? » demandait lord Outhwaite.

Thomas lui répondit en écrivant qu’il se trouverait à La Roche-Derrien au moment où son correspondant lirait sa missive, mais il ne leva pas le petit doigt pour quitter le Dorset. « C’est Noël », se dit-il. Il avait toujours aimé Noël.

Sir Giles célébra les douze jours de réjouissances avec faste. Il n’avait pas mangé de viande depuis le premier dimanche de l’Avent, ce qui n’était pas un sacrifice particulier car il aimait le poisson, surtout l’anguille, mais, la veille de Noël, il ne consomma que du pain afin de se préparer à la première fête de la saison.

Douze ruches vides furent apportés dans la salle et décorées de rameaux de lierre et de houx. Un immense cierge, assez grand pour brûler pendant toutes les fêtes, fut placé sur la grande table et une épaisse bûche fut mise à brûler dans l’âtre. Les voisins de sir Giles furent invités à boire du vin et de la bière, et à manger du bœuf, du sanglier, de la venaison, de l’oie et du fromage de tête.

La coupe de la ribote, remplie de vin de bordeaux chaud et épicé, fut passée tout autour de la salle et sir Giles, ainsi qu’il le faisait chaque nuit de Noël, pleura le trépas de sa femme et s’endormit dans les vapeurs de l’alcool avant l’extinction des chandelles.

La quatrième nuit de Noël, Thomas et Robbie obéirent à la coutume en se joignant à la bruyante compagnie des quêteurs qui parcouraient la paroisse, déguisés en esprits, en hommes verts et en sauvages, exhortant les bonnes gens à faire des dons pour l’église. Ils allèrent jusqu’à Dorchester, empiétant sur deux autres paroisses, et furent entraînés dans une bagarre avec les quêteurs de l’église de Tous les Saints. Les zélés quêteurs terminèrent la nuit dans la geôle de Dorchester, dont ils furent relâchés par un George Adyn hilare qui, au matin, leur apporta une cruche de bière, accompagnée du fameux pudding des quêteurs préparé par sa femme.

La douzième nuit de fête fut marquée par un festin au cours duquel on dégusta un sanglier abattu par la lance de Robbie. Après le repas, et lorsque les hôtes, abrutis de nourriture et de boisson, se furent assoupis, il se mit à neiger.

Thomas se rendit sur le seuil de la porte pour aller observer les flocons qui tourbillonnaient à la lueur vacillante d’une torche.

— Il nous faut partir loin d’ici au plus tôt, déclara Robbie venu le rejoindre.

— Partir loin ?

— Oui, nous avons quelque chose à faire.

Thomas ne pouvait qu’en convenir, mais il n’avait nulle envie de partir.

— Je croyais que tu étais heureux ici, s’étonna-t-il.

— C’est vrai, et sir Giles est plus généreux que je ne le mérite.

— Eh bien ?

— C’est Mary…

Robbie, embarrassé, ne termina pas sa phrase.

— Elle est grosse ?

— À ce qu’il paraît, confirma-t-il en se signant.

Thomas garda les yeux fixés sur la neige.

— Si tu lui donnes de l’argent en suffisance pour se faire une dot, elle ira bien.

— Il ne me reste plus que trois livres, avoua Robbie.

Son oncle, sir William, lui avait remis une bourse contenant la somme jugée nécessaire pour une année.

— Ça devrait suffire, dit Thomas.

— Il ne me restera plus rien ! protesta son ami.

— Tu aurais dû y penser avant de labourer le champ, le blâma Thomas, qui se rappela avoir été exactement dans la même situation avec une fille de Hookton.

Il retourna dans la salle, où un harpiste et un flûtiste jouaient de la musique pour les hôtes qui cuvaient leur vin.

— Il nous faut partir loin d’ici, dit-il, mais je ne sais pas où, poursuivit-il.

— Tu as dit que tu voulais aller à Calais ?

Thomas haussa les épaules :

— Tu crois que Taillebourg va nous chercher là-bas ? objecta-t-il.

— Ce que je crois, c’est que dès qu’il saura que tu as ce livre, il te poursuivra jusqu’en enfer.

Robbie avait raison, mais ce livre ne lui avait pas été d’une grande utilité jusque-là. Il ne disait nulle part avec certitude que le père Ralph possédait le Graal, pas plus qu’il ne décrivait quelque endroit où le chercher. Or, les deux jeunes gens avaient cherché partout. Ils avaient passé les grottes au peigne fin, ainsi que les falaises de Hookton, et n’avaient trouvé que du bois flottant, des berniques et des algues. Nul calice d’or n’était dissimulé dans les galets. Aussi, où aller maintenant ? chercher ?

À Calais, Thomas pourrait rejoindre l’armée, mais il doutait que Taillebourg le cherche au cœur de la soldatesque anglaise. Peut-être devrait-il retourner en Bretagne. Or, ce n’étaient ni le Graal ni la nécessité d’affronter Taillebourg qui l’attiraient à La Roche-Derrien, mais la pensée que Jeannette Chénier pût être rentrée chez elle. Il pensait souvent à elle, à ses cheveux noirs, à son caractère fier et plein de fougue, et à chaque fois, il se sentait coupable envers Eléonore.

La neige ne resta pas. Elle fondit, et une pluie drue arriva de l’ouest pour cingler la côte du Dorset.

Un gros bateau anglais s’était échoué sur les galets de Chesil. Thomas et Robbie se rendirent en hâte sur la plage à bord d’un chariot appartenant à sir Giles et, avec l’aide de Jake Churchill et de deux de ses fils assistés de plusieurs autres solides gaillards, ils sauvèrent six ballots de laine qu’ils transportèrent jusqu’à Down Mapperley en les remettant à sir Giles, qui, grâce à cela, gagna les revenus d’une année en une journée.

Et le lendemain matin, le prêtre français arrivait à Dorchester.

L'archer du Roi
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